Monuments & architecture

La Collégiale

Seul édifice inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en Limousin, la collégiale est de fait le principal monument du bourg. Inscrite au titre des chemins de Saint-Jacques de Compostelle, elle doit pourtant davantage sa renommée à l’ermite Léonard qu’au pèlerinage jacquaire. Essentiellement romane, ses origines remontent au milieu du XIe siècle (nef et transept). Elle est agrémentée vers 1100 d’un élégant clocher à gâbles et d’une chapelle ronde évoquant le Saint-Sépulcre de Jérusalem. Son vaste chœur, disproportionné par rapport au reste de l’édifice, est une reconstruction du milieu du XIIe siècle. Il adopte alors le plan classique des églises dites de pèlerinage, avec déambulatoire et chapelles rayonnantes, facilitant la circulation intérieur autour des reliques de Léonard. Cette modification intervient au moment où le rayonnement du culte de Léonard touche l’Europe entière, attirant dans la ville des pèlerins en nombre toujours croissant. La façade occidentale, seul élément gothique de l’église, date quant à elle du XIIIe siècle. À elle seule, l’évolution architecturale de la collégiale témoigne de l’importance du développement de la ville aux XIIe et XIIIe siècle.

Contrairement à la plupart des grandes collégiales romanes du Limousin, celle de Saint-Léonard-de-Noblat ne présente pas un parti architectural homogène. Son histoire monumentale est fort complexe car elle fut à plusieurs reprises agrandie et transformée, de sorte que différentes phases de travaux se trouvent juxtaposées, superposées, imbriquées parfois. L’absence d’un programme de construction homogène à l’époque romane peut sembler surprenante au regard des autres grands établissements de la région et, surtout, de la renommée que connut aux XIe et XIIe siècles le pèlerinage au saint patron des prisonniers. En dépit de cela, les chanoines de Saint-Léonard ont témoigné d’une attitude conservatrice qui les a conduits à embellir, amplifier et compléter un édifice ancien par des programmes de construction dont la succession a dû être relativement rapprochée dans le temps. Au-delà de ce constat, l’analyse révèle que leurs grandes orientations furent sous-tendues par des choix architecturaux ambitieux, significatifs des prétentions d’une communauté de chanoines riches et d’un centre de pèlerinage important tant à l’échelle locale qu’internationale. (1)

(1) Extrait de: Éric SPARHUBERT, “Saint-Léonard-de-Noblat, collégiale Saint-Léonard”, Congrès Archéologique de France. Haute-Vienne, 2014, p. 219-221.

L’hôpital

À proximité de l’une des portes principales de l’ancien rempart, dite Aumonière, l’hôpital médiéval, dont l’existence est attestée dès la deuxième moitié du XIIe siècle, conserve encore deux portes décorées des XIIIe et XIVe siècles. Si l’imaginaire collectif l’associe souvent aux pèlerins de Saint-Jacques, ce lieu d’accueil recevait plus généralement toute personne, pèlerin ou non, cherchant abri, nourriture et soin. Quant aux malades les plus contagieux, nomment les lépreux, un établissement leur était réservé à l’extérieur du bourg, près du Tard, au lieu-dit La Maladrerie.

Le couvent des Filles de Notre-Dame

Face au jardin de l’un de ces hôtels particuliers, l’hôtel de Rigoulène, se dresse l’ancien couvent des Filles de Notre-Dame. Cet ordre cloîtré, fondé à Bordeaux par Jeanne de Lestonnac en 1607, avait pour but l’éducation des jeunes filles qu’elles soient pauvres ou “demoiselles”. L’installation à Saint-Léonard-de-Noblat de cet ordre intervient en 1652. Si l’état initial du couvent est difficile à cerner, le début de la construction du bâtiment actuel date de la deuxième moitié du XVIIe siècle. Aujourd’hui, il accueille notamment le musée dédié au célèbre physicien et chimiste Louis-Joseph Gay-Lussac, né à Saint-Léonard en 1778. Après dissolution en 1792, les Filles de Notre-Dame se réinstalleront à Saint-Léonard en 1838 et feront notamment construire un nouveau couvent en 1897-1898, devenu aujourd’hui le collège Bernard Palissy.

Le vieux pont

Situé hors du bourg, le faubourg de Noblat fut longtemps un axe géographique stratégique jusqu’à l’arrivée du chemin de fer et de la construction d’un viaduc pour la ligne Limoges-Eymoutiers-Ussel. Sa vocation première de lieu de passage, à gué dès l’Antiquité puis grâce aux différents ponts lui ayant succédé, fut dès le Moyen Âge doublée d’une vocation défensive, matérialisée par la motte castrale qui surplombe encore le faubourg: l’emplacement de l’ancien château médiéval de Noblat. Le vieux pont a été constitué en pierres vers 1270 et sans doute complété par une porte fortifiée. Cet ensemble défensif avait pour but de contrôler cette partie de la vallée de la Vienne qui forme un coude et de surveiller le passage. Un second pont est construit en 1785 pour faciliter les circulations et les échanges plus nombreux avec le développement de la ville. Une maquette du quartier du Vieux Pont est en cours de réalisation par Connaissance et Sauvegarde.

Architecture & habitat

Un grand nombre de maisons conservent des éléments datant du Moyen Âge: des façades complètes comme la maison des Consuls, des baies géminées, frises et modillons sculptés, et souvent de grandes arcades brisées dont la plupart ouvraient autrefois sur des échoppes en rez-de-chaussée. La plupart de ces maisons furent construites au milieu du XIIIe siècle. Si beaucoup d’entre elles se trouvent sur les places principales (Noblat, République, Gay-Lussac), des éléments médiévaux, tels que les caves voûtées, sont présents un peu partout dans le bourg, témoignant de la densité et de la qualité du bâti médiéval de Saint-léonard-de-Noblat.

Le retour de la prospérité aux XVIIe et XVIIIe siècles semble évident au regard du nombre et de l’intérêt des maisons datant de cette période à l’image des maisons à la “tour ronde” et à la “tour carrée” datées des environs de 1700. Si leur organisation reste assez semblable (commerce au rez-de-chaussée et logement dans les étages), les formes évoluent sensiblement. Les arc brisés laissent place aux arcs en plein-cintre ou en anse de panier et les ouvertures des étages gagnent en largeur, en hauteur et en sobriété dans le décor. De remarquables escaliers en bois sont construits comme au n°13 de la rue Victor Hugo et au n°3 de la place Gay-Lussac, actuel local associatif de l’Escalier. Sont réalisés à la même époque plusieurs hôtels particuliers, demeures bâties entre cour et jardin, nécessitant de grandes surfaces pourtant rares dans le centre-bourg, comme l’hôtel de Rigoulène, avenue du Maréchal-Foch, relevant du courant architectural néo-classique.

Au fil du développement de Saint-Léonard et de ses alentours, plusieurs châteaux ont été construits par les différents puissants des environs. Des sites fortifiés antérieurs au XVe siècle ont été édifiés pour participer au contrôle du territoire: le château à motte du Dognon (Xe– XIVe siècle), le site fortifié de Mureau (XIIe– XVe siècle), le château de Noblat (XIe– XIVe siècle). Des châteaux destinés à l’habitat sur un domaine sont construits, remaniés, reconstruits, du XVe siècle au XIXe siècle selon le courant architectural du moment: le château de Rigoulène (Saint-Léonard), le château de Brignac (Royères), les châteaux des Rieux, Ribagnac et de Plantadis (Saint-Martin-Terressus), le château de Puyjoubert (La Geneytouse), les châteaux de Vernon (Moissannes), Lussac, Bassoleil, Landeix (Saint-Léonard).

L’architecture encore en élévation et l’étude du patrimoine bâti rendent compte des différentes périodes de l’histoire de Saint-Léonard-de-Noblat. Le centre-bourg et les alentours riches des châteaux, des moulins, des logis de fermes anciens et des maisons de maîtres, sont les nombreux témoins d’un dynamisme et d’une prospérité passés.